Pendant cette époque, le Maghreb vivait une période de stagnation économique et connaissait des conflits incessants, tandis que la chrétienté médiévale sombre bientôt dans la guerre de Cent Ans et la peste noire qui a balayé l’Asie de l’Ouest, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, provoquant de catastrophiques pertes démographiques partout, à la fois dans les campagnes, les villages et les villes. D'ailleurs, Ibn Khaldoun n'avait pas 17 ans que le destin lui arrachait brutalement ses parents, ainsi qu'une partie de ses professeurs et de nombreux intellectuels. Toute sa vie, il se souvient de ces événements tragiques durant cette épidémie, qu'il évoquerait à plusieurs reprises dans ses écrits, notamment dans « Al Muqaddima ». À dix-huit ans, il est déjà nommé « Garde du sceau» par le sultan hafside Abu Ishaq à Tunis. C'est le début d'une vie mouvementée dans l’univers du pouvoir, d’aventures et des intrigues. À 22 ans, il est très sollicité pour son intelligence et fut engagé par le souverain de Fès Abuu Inan comme secrétaire. Mais parce qu'il avait oublié d'observer « la réserve indispensable », le souverain le fait mettre en prison, où il y passe deux ans. Durant son séjour de neuf ans à Fès, il y fréquente les grands maîtres de l’Université Al Quaraouiyine. Il partit ensuite pour la cour du sultan nasride de Grenade, puis Bejaïa et Tlemcen ( l'actuelle Algérie ), Tantôt ambassadeur ou premier ministre, tantôt disgracié et jeté en prison. À l'âge de 46 ans, il retourne à Tunis pour effectuer les recherches qui lui permettent de finir son Histoire des Arabes, des Persans et des Berbères. Et finalement en 1382, il poursuivit sa route jusqu'à Alexandrie, puis il s'installe au Caire jusqu'à la fin de sa vie, où il rédige son œuvre et devient professeur de droit malikite. Deux ans plus tard, le sultan d'Égypte et de Syrie, Barkouk, le nomma chef des cadis malékites en Égypte. Il est enterré au Caire dans le cimetière réservé aux savants et aux hommes de lettres.

Considéré comme l'un des plus grands penseurs dans le monde, Ibn Khaldoun est l'auteur d'une œuvre monumentale qui rayonnera, des siècles plus tard, bien au-delà du monde musulman. Il a été décrit par l'historien britannique Arnold Toynbee en des termes qui renseignent sur sa place dans la pensée universelle : « Il a conçu et formulé une philosophie de l'histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit, dans aucun temps et dans aucun lieu... Il est l'interprète le plus brillant de la morphologie de l'histoire que le monde ait connu jusqu'ici. ». Quant à l'orientaliste français Georges Marçais, IL affirme que «l'œuvre d'Ibn Khaldoun est un des ouvrages les plus substantiels et les plus intéressants qu'ait produit l'esprit humain».

Enfin, Ibn Khaldoun sera pleinement honoré à Tunis. En effet, selon des médias tunisiens du mois de mars 2019, sa maison natale, sise Rue Tourbet el Bey, au centre de la médina de Tunis, et qui abrite actuellement le service des archives du ministère des Affaires culturelles, sera mise en valeur et transformée prochainement en musée, dédié à la vie d’Ibn Khaldoun, son œuvre et ses pérégrinations. D’ailleurs, depuis les années 70, le centre-ville de la capitale abrite une statue de ce grand philosophe, placée sur l'Avenue Bourguiba entre l'ambassade de France et la cathédrale de Tunis. Sans oublier que le portrait d'Ibn Khaldoun orne le billet de dix dinars tunisiens, et une rue de Tunis porte son nom. De plus, des lycées, collèges, écoles primaires et instituts de formation en Tunisie, en Algérie et au Maroc portent aussi son nom. Il importe de rappeler également qu'en 2006, à l'occasion de la célébration du 600e anniversaire de la mort d'Ibn Khaldoun, de nombreuses manifestations culturelles ont été organisées, notamment en Tunisie, en Algérie, en Égypte, au Maroc et en Espagne. Il n'est jamais assez de lui rendre hommage.