Hommage à Lina Ben Mhenni
Une des symboles de la révolution tunisienne
1 février 2020
Lina Ben Mhenni, née le 22 mai 1983 à Tunis et morte le 27 janvier 2020 dans la même ville à l'âge de 36 ans des suites d'une longue maladie, est une militante, défenseure des droits humains, blogueuse et journaliste tunisienne. Elle est également l'une des figures de la révolution tunisienne ayant permis la chute du régime Ben Ali en 2011. Elle est par ailleurs assistante d'anglais à l'université de Tunis.
Issue d'une famille tunisienne de la classe moyenne. Son père, est membre du mouvement Perspectives tunisiennes et figure parmi les fondateurs de la section tunisienne d'Amnesty International. Sa mère est enseignante d'arabe dans l'enseignement secondaire. En 2007, alors que ses jours étaient en danger, on lui avait greffé un rein, donné par sa mère ; une « deuxième naissance ». Suite à cette greffe, elle prend part la même année ainsi qu'en 2009 aux Jeux mondiaux des transplantés, respectivement en Thaïlande et en Australie ; elle y remporte une médaille d'argent en marche athlétique. En 2008-2009, elle étudie aux États-Unis dans le cadre du programme Fulbright et au même temps enseigne l'arabe à l'université Tufts près de Boston. Avant la chute du régime Ben Ali, la courageuse Lina Ben Mhenni avait durant des années témoigné sur internet des dérives du régime dictatorial. Pour alimenter son blog « A Tunisian girl », elle s’était déplacée dans de nombreuses villes défavorisées de l’intérieur du pays. Munie de sa petite caméra, et malgré les risques et sa santé fragile, elle avait retransmis, via les réseaux sociaux, les premières manifestations de colère des habitants contre le pouvoir. Pendant la révolution tunisienne, elle avait été la première blogueuse à se rendre à Sidi Bouzid, le berceau de la révolution, ainsi qu'à Kasserine. Elle rapporte les événements qui se déroulent sur place, elle diffuse les photos et les vidéos des opérations de police; des blessés et des morts; et elle visite des hôpitaux et interroge des familles qui ont perdu l'un des leurs à cause de l'impitoyable répression policière. Elle-même a subi la répression. En effet, ses caméras et son ordinateur sont volés durant un cambriolage et son partenaire est arrêté. Malgré les sabotages et les intimidations, elle n'a pas cessé ses activités journalistiques. Elle est souvent vue comme « la voix de la révolte tunisienne » bien qu'elle indique parler uniquement en son nom. Après la chute du régime Ben Ali, elle continue à recevoir des menaces de mort, mais ça ne l'empêche pas de publier en 2011, un livre « Tunisian Girl, blogueuse pour un printemps arabe », où elle décrit son rôle de blogueuse indépendante et de manifestante, avant et pendant la révolution. Ce livre témoigne également du rôle indéniable de la génération Facebook pour la conquête d'un monde sans violence. Après les premières élections démocratiques en Tunisie, elle exprime sa déception au vu des résultats et de la victoire électorale du parti islamiste Ennahdha. Et elle met en garde contre une dérive de l'État vers l'intégrisme. Lina avait ensuite continué son militantisme pour défendre les droits fondamentaux en Tunisie, participant malgré sa santé fragile à de nombreuses manifestations et elle a été au premier rang dans chaque combat contre l’injustice, la marginalisation et la corruption. En 2011, son blog « A Tunisian Girl » reçoit le prix du meilleur blog dans le cadre du concours international The BOBs organisé par la Deutsche Welle. Et en 2012, elle reçoit le Prix de la paix Seán MacBride. Il importe de souligner que ses funérailles se sont déroulées en présence de nombreuses femmes dont certaines ont même porté le cercueil recouvert du drapeau tunisien. C'est un fait rarissime dans un cimetière musulman, car la tradition veut que seuls les hommes ont le droit d’être présents aux enterrements. Adieu la grande militante ! Que ton âme repose en paix Lina ! Par Abdelhamid Hanafi
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Huile sur toile
30" x 36" (76cm x 91cm)
Collection : privée
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