Menzel Bourguiba
Tunisie
Ex Ferryville et le « Petit Paris »
Huile sur toile
36" x 30" (91cm x 76cm)
Collection : privée
C'est ma ville natale
Menzel Bourguiba, avant la conquête française, appelée «La Ksiba», ce qui signifie «Petit Kasba», était une forteresse espagnole dont les habitants vivaient principalement d'agriculture, de chasse et de pêche, surtout dans le canal entre le lac d'Ichkeul et le lac de Bizerte. Puis, durant sa visite à Bizerte le 23 avril 1887, en se promenant dans le lac de Bizerte, l'ancien ministre français Jules Ferry cria à ses compagnons : « Ce lac à lui seul, vaut la possession de la Tunisie tout entière, si j'ai pris la Tunisie c'est pour avoir Bizerte ». En effet, Bizerte a revêtu une importance capitale, militaro – stratégique, pour la France. Voilà pourquoi, Ferryville a été fondée en 1897, pour accueillir les émigrants européens, sur les ruines de la forteresse espagnole de «La Ksiba», et baptisée à l'honneur de Jules Ferry, qui inaugura dans les années 1880 l'ère des conquêtes coloniales françaises, à partir de ces deux têtes de pont qu'étaient l'Algérie en Afrique et la Cochinchine en Asie.
Le spéculateur Joseph Decoet acheta aux Tunisiens leurs terrains qu'il revendit ensuite à la marine française. Cette dernière construisit un arsenal, réplique orientale de celui de Toulon, et y fit creuser cinq bassins de radoub, qui furent longtemps les plus grands d'Afrique et qui bénéficiaient de la protection du lac de Bizerte. Une ligne de tramway longue de 4 km, à traction animale, reliait l'arsenal à la cité de Tinja, où furent regroupés les travailleurs de l'arsenal.
La cité nouvelle a été édifiée, tout empreinte de la coquetterie des petites villes françaises de province, avec une église - aujourd'hui bibliothèque municipale, un centre administratif, des rues marchandes partant en étoile depuis la place centrale, une gare de style mauresque, un marché central, une place de fête et une salle de fête. Cet urbanisme soigné fut surnommé Ferryville le « Petit Paris ». qui abritait à l'époque, principalement, des Tunisiens musulmans, des juifs Tunisiens, des Français et des Italiens. C'était une très belle ville, avec des rapports harmonieux entre les différentes communautés, et qui attirait de nombreux travailleurs de partout de la Tunisie. On dirait l'eldorado !
En réalité, l'histoire de la région de Menzel Bourguiba remonte à la période Punique, car des sites archéologiques datant de cette période avaient été découverts au début du 20è siècle. D'ailleurs, suite aux fouilles dues aux travaux de construction de l’arsenal de Ferryville en 1902, plusieurs éléments de structures archéologiques ont été découverts, dont la Mosaïque de Sidi Abdallah ou les thermes romains de Fundus Bassianus, exposée au musée du Bardo. D’autres fouilles dans la région du lac Bizerte et du Lac Ichkeul ont continué à nos jours.
En 1958 Ferryville est rebaptisée Menzel Bourguiba du nom de l'ancien président Habib Bourguiba. qui avait une affection particulière pour la ville, et aussi pour défier l'occupation coloniale qui gardait encore des bases militaires à Menzel Bourguiba et Bizerte jusqu'à 1963. La commune de Menzel Bourguiba s'étendait à l'ouest jusqu'aux berges du lac Ichkeul et englobait la zone de Tinja. À des fins administratives et pour une meilleure gestion de la croissance urbaine, Tinja et Menzel Bourguiba ont été subdivisés en deux communes en 1985.
La ville de Menzel Bourguiba fait partie du gouvernorat de Bizerte. Géographiquement, elle est bien entourée. En effet, elle se situe à 60 km au nord de la capitale Tunis, à 20 km au nord des ruines d'Utique, le plus ancien comptoir phénicien d'Afrique du Nord, à 20 km au sud de la ville de Bizerte, à 15 km à l'est du du jebel Ichkeul et à seulement 3 km du lac Ichkeul. Il importe de rappeler que le parc Ichkeul est un site naturel protégé, considéré comme le quartier d'hiver le plus important de l'Afrique du Nord, il est le seul site du monde inscrit sur deux conventions internationales et sur la liste du réseau UNESCO des réserves de la biosphère.
Chaque fois que je pense à ma ville natale Menzel Bourguiba, des images défilent dans ma tête, comme je regarde pour la énième fois le meilleur film de ma jeunesse : au jardin de mes parents, je m'émerveille du parfum du jasmin et des rosiers et je me régale de toutes sortes de fruits; au printemps, la splendeur des champs fleuris, l'odeur de la forêt de Djebel Sidi Yahya et la beauté sublime du parc Ichkeul, m'éblouissent et nourrissent mon esprit; des balades en empruntant la Cité Ennajah jusqu'à Souk El Asser ou le Marché central; des promenades dans le jardin de Stuttgart ou tout simplement, dans les quartiers comme la Cité, Guengla et Transval. ou visiter la Bibliothèque Municipale. Tout ça, c'est parcourir mon histoire, toucher mes racines, revivre mon passé, et surtout sentir que c'est cette ville, qui m'a imprégné de tolérance, d'hospitalité, d'amour, du respect de l'autre et de la femme.
Ô Menzel Bourguiba ! source de mon inspiration et de mon bonheur,
Par Abdelhamid Hanafi
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