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Je suis profondément touché et indigné par les actes racistes anti-noirs qui sévissent depuis quelques années dans notre chère Tunisie.
En effet, au mois d'octobre 2014, plusieurs médias tunisiens ont publié une lettre « poignante » d'une étudiante « africaine » aux Tunisiens sur le racisme qu'elle a vécu dans notre pays après un séjour de trois ans. Cette victime de racisme s'appelle Mariam Touré et elle est Malienne. Voici un extrait de sa lettre : « Ne prenez point mes mots pour une insulte, mon but ce n'est pas de vous insulter car si je décidais de vous rendre le quart des mots que vous m'avez jetés à la figure, 24h ne suffiraient point. Prenez-les comme les cris d'une sœur perdue qui ne comprend pas en quoi sa couleur de peau est source de moquerie. Prenez-les comme la rage d'une sœur qui compte les jours qui la séparent de la délivrance, partir et ne plus jamais en entendre parler. Partir et ne plus jamais penser à revenir. Prenez-les comme les larmes d'une soeur qui se rend compte qu'ils ont réussi à nous séparer. Plus qu'une guerre matérielle, ils ont créé une tumeur intellectuelle, sociale: le racisme, l'ignorance, la haine pour nous diviser. Prenez mes mots comme ceux de tous ceux qui, comme moi, posent le pied sur le sol de l' « Ifrikiya » la tête pleine de rêves et en repartent le cœur plein de déceptions.... ». Je me rappelle très bien qu'après le buzz de sa lettre, Mariam Touré a reçu beaucoup de soutien de la part de tunisiens qui lui ont exprimé leur solidarité. De plus, elle a trouvé une famille tunisienne d'adoption. Deux ans plus tard, plus précisement le 24 décembre 2016, un tunisien agresse violemment au couteau trois congolais ( deux filles et un garçon ) à Tunis. Suite à cette agression sauvage, plusieurs étudiants et stagiaires de différentes nationalités africaines avec le soutien de tunisiens qui militent contre le racisme ont effectué un rassemblement protestataire devant le théâtre municipal de Tunis. Sans oublier d'autres actes racistes envers des noirs tunisiens et des étudiants et travailleurs africains qui n'ont pas été suffisamment médiatisés. D'ailleurs, Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé de la relation avec les instances constitutionnelles avait reçu en octobre 2016 la jeune tunisienne Sabrine Nagoui, victime de racisme et lui a présenté ses excuses. Et, il a déclaré au mois de janvier 2017 que son ministère poursuit les campagnes de sensibilisation afin d'y remédier au problème de racisme. Il importe de rappeler également qu'au mois de décembre dernier, le Chef du Gouvernement Youssef Chahed a déclaré qu'il regrettait l'existence de racisme en Tunisie, et qu'il désirait mettre en place une loi pour criminaliser ouvertement les actes de racisme. J'espère que cette loi sera votée le plus vite possible, car d'après le quotidien La Presse de Tunis du 13 janvier 2017, six mille étudiants subsahariens ont déjà quitté la Tunisie au cours de ces dernières années pour des raisons d’insécurité. C'est la triste réalité ! Il n'est jamais assez de lutter contre ce fléau qu'est le racisme en Tunisie et partout dans le monde. Par Abdelhamid Hanafi
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