Média national et international | Page : 1 |
Abdelhamid Hanafi est à la fois Méditerranéen et Nord-Américain. Né en Tunisie, il s'est établi à Montréal en 1977. Mais, devenu canadien et artiste itinérant aux États-Unis et en Europe, il n'a jamais renoncé à son pays d'origine. Aussi, ce qui le désigne à la curiosité et à l'intérêt des familiers de sa peinture, ce n'est pas qu'il porte sur lui deux passeports; c'est qu'il porte en lui deux cultures dont il a tiré une remarquable symbiose. Hanafi a donc eu la bonne idée de faire suivre son «Montréal...Passion» (1), lancé à Montréal à l'automne de 1995 et à Tunis en mars 1996, d'un «Tunisie...Passion» (2) dans lequel ce maître de l'art naïf et populaire dépeint l'existence quotidienne, les rues et les habitations, les têtes étonnées ou radieuses des Tunisiens avec la même affection, la même simplicité désarmante, à la fois fraîche et candide, qu'il avait mises à révéler les quartiers montréalais habités de citoyens épanouis vivant tous sous le règne du bonheur, de la paix et d'une inaltérable sérénité, à peine tempérée par un humour ambiant, parfois caustique, qui se lit ou se devine sur quelques visages. Montréal ne ressemble pas aux villes de Tunisie. Mais le peintre enveloppe les peuples de ces deux mondes si différents dans une sollicitude magique qui les rassemble, adoucit les moeurs, embellit l'habitat. On retrouve dans cette idéalisation des traits propres au Tunisien du Maghreb et au Canadien de Montréal : l'incessante quête d'une société qui réponde aux attentes et aux rêves de l'homme, communauté où le travail s'accomplit dans la satisfaction, où les amours ne meurent pas, cité de beauté avec ses espaces ludiques ses lieux de recueillement, sa musique arabe aux portes du désert et ses chansons du Québec sur le Saint-Laurent. Il y a là un singulier et sympatique parti pris. Tandis que les écrans de télévision et le réalisme social dont se réclament beaucoup de peintres et photographes de notre temps renvoient de nos villes l'image de la misère et de la dégradation baignant dans la triste résignation de ses habitants, Hanafi retient au contraire le versant ensoleillé; il fait le choix du coeur et propose, mêlée à la réalité, une vision de l'esprit qui corrige celle-ci, c'est-à-dire la ville où dominent l'harmonie, la fraternité et la félicité. La passion qu'il prête à Montréal et à la Tunisie est celle qui, sous toutes les latitudes, pousse les hommes à communiquer par le travail, l'amitié, le voisinage et l'espoir partagé, à se regrouper pour créer les espaces qui leur manquent, à réinventer la douceur de vivre, à tendre la main, à construire et à reconstruire. Ainsi, à partir d'une réalité familère, avec l'assurance et la sensibilité d'un artiste accompli, Hanafi dépeint la ville telle qu'il souheterait qu'elle fût dans son âme, ses hommes et ses pierres. Michel Roy (3)
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