Culturelles
|
Profil d'un artiste
Hanafi :
un lancinant appel du pays
De son pays d'adoption, le Canada, Hanafi ne cesse de poser un regard
tendre sur son pays d'origine : la Tunisie.
|
|
«Souk de Tunis»
«Départ pour le golf»
«Hockey dans la ruelle»
|
|
Voyageur aux sandales de vent, Abdelhamid Hanafi a tôt quitté son Menzel Bourguiba
natal pour emprunter différentes directions, à la recherche de son propre ego. Artiste
autodidacte, à chacune de ses haltes Hanafi s'est montré attentif et curieux, ouvert aux
autres pour restituer avec fraîcheur et poésie toutes les émotions qu'il a accumulées.
Sa sémarche, proche de la bande dessinée, fourmille d'attentions généreuses, d'anecdotes
croustillantes et du plaisir spontané de peindre, de raconter les moments piégés par un
sens de l'observation assez exemplaire. Naïf dites-vous ? Abdelhamid Hanafi l'est certainement
mais avec beaucoup de bonheur et de jubilation heureuse, restant à l'écoute des êtres et de leur
sollicitude constante.
Né à Menzel Bourguiba en 1950, cet artiste maintenant mondialement reconnu a exposé en
1968-1969 en Tunisie, avant de pousser plus au Nord sa quête notamment en France, en
Allemagne, en Suède et finalement au Canada où il s'est installé pour travailler en 1977.
Paradoxe des situations, cet homme venu du soleil, n'a pas trouvé mieux s'exprimer et s'épanouir
que cette contrée des neiges et de toutes les exhubérances. Pays fascinant par tous ses contrastes,
neuf et ouvert à toutes les aventures nouvelles, le Canada semble lui réussir et stimuler son
imagination, déjà assez prolixe.
Avec sa gouaille plastique délicieuse cet artiste a exposé dans les plus grandes métropoles
internationales notamment à Paris, en RFA, dans l'ex-Tchécoslovaquie, en Suède, en Norvège,
aux États-Unis, au Canada en Côte d'Ivoire, recevant le même accueil enthousiaste. Ses oeuvres
fortement appréciées font partie d'importantes collections
au Musée des Beaux-Arts de Göteborg en Suède,
Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke au Canada, Musée d'art naïf de Paris,
celle du roi et de la reine de Suède de la direction des jeux Olympiques de Calgary,
de l'actrice Jean Peters, veuve du milliardaire américain Howard Hughes, de
l'ancien Premier ministre canadien, Pierre Elliot Trudeau, de l'architecte du modèle social
suédois Gunnar Sträng... La liste est loin d'être close.
La réputation de Hanafi lui a valu de figurer dans plusieurs livres d'art, couronnée par une grande
|
|
|
De cette découverte et symbiose heureuse est né un livre d'images sur la ville de Montréal
qui connut un succès mérité.
Et la Tunisie dans tout cela? ses rêves d'enfances qui imprègnent toute une vie?
«Tunisie la douce», «Tunisie la verte», «Jardin d'Eden», « Paradis terrestre»...
sont autant de qualificatifs lyriques que retrouve sa mémoire à chaque fois qu'il évoque son pays
natal. Après quelques vingt-cinq années d'errance, l'artiste renoue avec ses souvenirs premiers,
ceux de l'Eden qu'il cherche à reconquérir en préparant un livre sur la Tunisie, illustré par ses
oeuvres et dont le texte d'accompagement sera écrit par Abdelhamid Gmati, un confrère journaliste,
maintenant, lui aussi installé au canada. Sonate à deux voix pour une musique nostalgique non
pas celle qui exprime des regrets, mais celle qui dit un attachement indélébile malgré les
distances, celle du coeur et des images intactes, préservées aux tréfonds d'une mémoire vive
et affectueuse.
Hamadi ABASSI
|
|
quantité d'articles dans les revues spécialisées, les magazines et les journaux.
Plusieurs de ses oeuvres ont été reproduites en cartes postales et pages de couvertures
dans certains journaux.
Partir, ce n'est pas forcément mourir un peu, comme dit le poète. C'est peut-être l'occasion
de mieux revenir au pays avec tout l'enthousiasme d'une reconnaissance générale bien méritée.
Dans les neiges du Canada, Abdelhamid Hanafi a su, par-delà l'anecdote qu'impose sa démarche
de peintre naïf, saisir et rendre les pulsions intérieures qui caractérisent cette société américanisée.
Regard vigilant et amical, il reproduit la vie de tous les jours, les humeurs et les frasques qui
caractérisent son pays d'adoption. Le Canada qu'il aime, nous est ainsi restitué par une série de travaux
délicieux et tendres, naïfs et enjoués, avec l'humour en prime et ce n'est pas peu.
|
|
|
_________________________________________________________________________
Le Temps, Culturelles, par Hamadi Abassi, 17 août 1994
|
|