J'ai eu un choc en voyant la superbe collection de toiles de Hanafi sur Montéal.
Outremont, le Plateau Mont-Royal, le quartier Rosement, bon Dieu que de souvenirs !
Avec ses scènes remplies de candeur, Hanafi me replonge dans l'univers de mon enfance.
Les gestes de ses personnages, c'est nous lorsque nous étions jeunes. Les enfants qui
glissent dans le parc à Outremont, ce sont mes enfants qui s'attardent à glisser sur la butte
adjacente à leur garderie. Mêmes gestes, même odeur.
Rue des Érables, parc St-Viateur, parc Beaubien, rue Maréchal : cet espace vague qu'a
si magnifiquement peint Hanafi dans lequelle les enfants jouent au hockey-balle, tard
l'automne, avec en arrière-plan des chandails de nos équipes préférées étendus sur
la corde à linge, c'était, il y a quarante ans, tout notre univers de jeune adolescent.
Ce livre s'adresse d'abord et avant tout aux Montréalais. Ce livre est magique. Une odeur
et un souvenir se rattachent à chacune des illustrations.
Comment diantre Hanafi, ce Tunisien d'origine, arrivé au Canada il y a un peu plus de
quinze ans, a-t-il pu aussi bien saisir à travaers une multitude de détails, Montréal et
ceux qui l'habitent ? Il s'agit de l'histoire d'un coup de foudre bien sûr.
Il faut rencontrer Hanafi pour comprendre la passion qui l'anime. Ce peintre de
réputation internationale est en amour par-dessus la tête avec la ville, en amour avec les rues,
les escaliers en colimaçon et les pignons des maisons qui la tissent... Il faut l'entendre parler
de la rue des Érables pour comprendre : «entre Bellechasse et Beaubien, c'est un splendeur.
Un signe qui ne trompe pas, ce Montréalais d'adoption est un maniaque de hockey. L'amour
qu'il voue au Canadien est communicatif. Ses toiles sur le défilé de la Coupe Stanley en juin
1993 ont été vendues avant même d'atteindre galeries et salles d'exposition.
Pas étonnant que ses oeuvres fassent désormais partie d'importantes collections.
Après s'être laissé séduire par Montréal, Hanafi, juste retour des choses, a décidé de partager
sa passion avec ses habitants.
Dans ce livre, l'artiste ne laisse rien au hasard. À vrai dire, comme ses toiles, son style d'écriture
simple nous laisse encore une fois sous le coup du charme.
Michel Blanchard (2)
Journaliste, La Presse