Média national et international | Page : 13 |
Introduction (2) Dans Montréal...Passion au sein d'un univers coloré et grouillant de vie, Hanafi construit une ville heureuse, «une cité idéale» où les rues et les ruelles appartiennent presque entièrement aux habitants de la ville. Cet artiste qui nous vient de Tunisie est un habitué des scènes de la vie quotidienne et des quartiers populaires, et c'est dans les souks et la médina qu'il a trouvé ses prmières inspirations. Ses premiers modèles furent en effet la boulangère, qui cuit le pain dans un four d'argile, le souk, les femmes dans les costumes tradionnels et leurs bijoux. Après plusieurs années passées en Europe et notamment en Suède, Hanafi a choisi de s'établir à Montréal, où il vit depuis 1977. Dans le Montréal « rêvé» de Hanafi, on est surtout dehors et on s'amuse. Et quand on n'est pas dans la rue et qu'on ne fait pas partie du groupe des passants, des fêtards ou des joueurs, on est là quand même, sur les balcons, dans les lucarnes, aux fenêtres; on est là à regarder, et notre simple présence est si forte qu'elle «remplit» toute la place. Chez Hanafi, les personnages occupent toute la scène et ils fourmillent. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des moins jeunes... tout le monde est là dans les rues et les ruelles de Hanafi, il ne manque personne. « C'est peuplé, dit-il, pour que je me sente entouré et aussi parce que cela enrichit la scène. Les personnages sont là pour que je me sente bien, pour me rendre heureux, et pour leur faire plaisir... ce sont mes enfants, je les mets au monde comme on accoucherait des bébés». Quant aux maisons, peintes avec minutie et précision -- il ne manque pas une brique, pas une marche d'escalier -- à première vue elles peuvent paraître figées, par leur côté rectiligne, leur simple décor servant à mettre en valeur les personnages qui grouillent devant et dedans. Mais il leur arrive aussi d'onduler, on dirait presque qu'elles dansent au rythme des personnages, ajoutant ainsi au climat de liberté et d'animation que le peintre veut transmettre. Hanafi rappelle que les Montréalais et Montréalaises reconnaissent bien leur ville dans ses tableaux. Ils sont même très heureux de voir leur ville dépeinte, racontée par le regard et le pinceau d'un « néo-Montréalais». Voilà pourquoi lui-même se considère tantôt «comme quelqu'un qui écrit l'histoire avec son pinceau», tantôt comme un «sociologue» et tantôt comme un «conteur de la vie quotidienne». Quelle que soit l'étiquette que l'artiste s'attribue lui-même ou l'étiquette qu'on aimerait lui donner, Montréal... Passion nous fait découvrir un témoin poétique et un peintre émerveillé dont le pinceau ne veut peindre que «ce qui est beau», même si à Montréal la beauté côtoie la laideur, comme c'est le cas dans la plupart des grandes villes. La laideur ne l'intéresse pas. De plus, il importe peu que «ce qui est beau» soit pratique courante de la vie quotidienne montréalaise, pourvu qu'elle exprime une pratique quotidienne québécoise et/ou canadienne. En réalité, il est rare de voir des gens faire de la raquette ou du ski alpin en pleine ville... «Par contre, je veux signaler la présence de ces activités en hiver... c'est quelque chose d'originale, qui appartient aux pays froids, à la culture d'ici. Je veux donner le maximum d'informations. Même si elles se pratiquent en dehors de la ville, ces activités sont pratiquées par les Montréalais, et c'est ça qui importe.» En ce sens, Hanafi devient le metteur en scène d'une vie quotidienne idéalisée; il plante son décor et y case tous les éléments de sa vision du monde et de Montréal, pour nous donner un univers social convivial, joyeux et harmonieux. Mais n'est-ce pas là la clef de son succès, c'est-à-dire renvoyer aux gens une image de leur ville et d'eux-mêmes qui soit plaisante et satisfaisante ? Avec son style naïf, Hanafi semble avoir trouvé le «paradis perdu» , car c'est ainsi qu'il «rend les gens heureux» et que lui-même accède à une entière liberté. «Avec ce style, dit-il, je me sens heureux car cela me donne le luxe de faire tout ce que je veux faire : une personne plus grande qu'une auto, une tête plus grande qu'une fenêtre, une fourmi plus grande qu'un papillon, etc. Il n'y a pas de règles académiques qui m'interdisent de faire les choses à ma manière. C'est comme accoucher d'un bébé dans les meilleures conditions, avec un sage-femme au lieu d'un docteur. J'accouche de mes tableaux avec des sages-femmes et je reçois le meilleur traitement possible» Montréal, dans les scènes de Hanafi, est une ville québécoise, mais c'est aussi une ville canadienne, nord-américaine et cosmopolite. «Je voulais inclure tout le monde», dit-il, et sa façon de faire, c'est de peindre, entre autres, des fêtes tradionnelles québécoises, canadiennes, irlandaises ou nord-américaines, les sports nationaux, ou des restaurants offrant toutes les cuisines du monde. Peu importe si Hanafi réussit effectivement à «inclure tout le monde» comme il le désire, ses oeuvres appellent les Montréalais et Montréalaises, toutes «souches» confondues, à dire tout haut une appartenance partagée à la ville que l'artiste et tant d'autres chérissent.
Aïda Kaouk
_________________________________________________________________________ Introduction (2) : par Aïda Kaouk |
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 |
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 |
56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 |
82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 |