Agnès Fortin
Au cours du mois d'octobre, j'ai fait la connaissance d'un artiste-peintre doté d'une
solide renommée pour la maturité de l'approche qu'il a développé avec l'art naïf.
Procédé autrefois peu considéré, Hanafi Abd m'a prouvé le sérieux de cet art.
Voici un bref historique qui vous fera découvrir cet artiste et redécouvrir Montréal.
Résidant du quartier Côte-des-Neiges, la consonnance de son nom laisse prévoir
une origine étrangère. C'est en fait en Tunisie que se dérouleront les premières
années de l'artiste. Sa spontaniété créatrice lui semble innée puisqu'à l'âge de
8 ans, son école lui décerne le 1er prix lors d'un concours de dessin. Adolescent,
il entend parler de l'art naïf et décide d'inclure ce procédé à sa démarche. Si bien
qu'en 1968, à l'âge de 18 ans, il obtenait sa première exposition à la bibliothèque
où il travaillait. Avant de quitter ce pays d'Afrique il s'enrichira des notions de l'art
de la mosaïque qui apportera à sa démarche le souci du détail.
Hanafi Abd se dirige donc vers l'Europe pour laisser libre cours à sa peinture.
Il séjournera brièvement en France puis en Allemagne pour ensuite s'établir
en Suède où l'art naïf est très reconnu. C'est en ce pays nordique que s'entama
les débuts de sa renommée et qu'il rencontrera celle qui partage sa vie et qui lui
donnera trois enfants... à Montréal.
C'est lors des jeux Olympiques de 1976 qu'Hanafi Abd découvre Montréal. Attiré
par le fait qu'on y parlait la deuxième langue de son pays, le français, il décida,
pour l'occasion de s'offrir cette visite. À partir de ce moment, les choses se passent
très vite. C'est le «coup de foudre». L'architecture, la joie de vivre des montréalais
feront qu'en 1977, lui et sa femme sont déjà installés en notre métropole. Depuis
il n'a jamais quitté nos froids hivers, qu'il adore.
Montréal l'enchante et apporte de nouveaux éléments à sa peinture. Dans ses toiles,
à l'huile ou à la gouache, l'artiste désire raconter une histoire scrutée minutieusement
dans un quartier spécifique de la ville et par le biais d'esquisses, photographies, il garde
en mémoire ce qu'il a retenu du «site». De retour à son studio, tout ceci prend
une allure imaginative et personnelle.